4MS Company est une société très active qui a réussi à créer des modules tellement intelligents qu’il est difficile de s’en passer (Rotating Clock Divider, Pingable Envelope Generator…) et se prépare à sortir une série de nouveaux modules tout aussi enthousiasmant. Nous avons fait un petit point avec Dann Green.Avec 4MS tu as d’abord commencé par construire des pédales d’effet, qu’est-ce qui t’a fait arriver au format Eurorack ?On a effectivement commencé par des pédales d’effet dans les années 90, mais nos créations commençaient à avoir tellement de boutons qu’elles devenaient presque inutilisables au sol et sont donc devenues des instruments desktop. Et comme tu peux t’en douter, une table pleine de pédales connectées les unes aux autres par une ribambelle de câbles ça commence à ressembler à un gros modulaire.
À un certain moment, Josh Humphrey de Big City Music m’a fait découvrir le format Eurorack et j’ai tout de suite vu les avantages de ce système : là où on pouvait poser 4 ou 5 pédales sur une table, il y avait la place pour 20 modules ! Après avoir improvisé sur ce système pendant un petit moment, les idées sont arrivées toutes seules, car il me manquait des modules pour faire la musique que je voulais. Depuis, je n’ai pas décroché !
Vous proposez également vos modules en kits DIY, est-ce que cette approche est importante pour toi ? Est-ce une question éthique ?Totalement ! J’ai appris l’électronique quand j’étais gosse en téléchargeant des schémas pour les mettre en oeuvre. La communauté DIY m’a appris beaucoup de choses (et continue de le faire), en proposant des kits j’essaye de poser ma pierre à l’édifice. De plus, je trouve que ceux qui pratiquent le DIY sont des gens vraiment chouettes, donc j’aime travailler avec cette scène.
Beaucoup de tes modules ont un lien avec le rythme, est-ce délibéré, serais-tu un percussionniste reconverti ?J’aime expérimenter autour des polyrythmies quand je joue du djembe, les machines peuvent permettre de créer des rythme en 9/13 bien plus facilement que mes mains maladroites.
Et puis, il y a le fait que je ne vois que des contrôleurs rythmiques assez limités dans le monde de la synthèse modulaire : les modules d’horloge sont très chouettes pour faire de la techno minimale, mais il faut vraiment se prendre la tête pour aller plus loin. Créer des séquences rythmiques complexes impose des outils plus variés, j’essaye donc de combler ce manque.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Cette année, tu vas sortir quelques nouveaux modules (qui ont l’air passionnants), peux-tu nous les présenter rapidement ?Cette année, le mot clé est “Quadra”.
Le premier à sortir sera le Quad Pingable LFO, qui offre 4 LFO avec TAP TEMPO dans un espace très réduit. Les mêmes possibilités en terme de synchronisation que le PEG, mais destiné à produire des modulations autonomes (et deux fois plus de modulation dans deux fois moins d’espace).
Ce module a été créé pour fonctionner avec le Quad Clock Distributer qui propose quatre canaux de multiplication/division d’horloge contrôlées en CV. Il peut contrôler le QPLFO mais fonctionnera également très bien tout seul avec le reste de ton système.
Il y a également notre premier utilitaire, le SISM, qui propose quatre canaux avec attenuverter, Offset, mais également mixage de ces signaux.
Ces modules ont été créés pour être très utiles dans un case de 6U (petits et plein de fonctionnalités), tout autant que dans un grand système où de nombreuses sources d’horloge et de nombreux LFO sont indispensables.
De plus, nous faisons notre premier pas dans la synthèse vidéo avec le Pingable Animation Generator. Je suis assez excité par celui-ci, car la synthèse vidéo est un compagnon particulièrement amusant de la synthèse sonore.
Es-tu proche d’autres développeurs, de musiciens ?On se voit parfois à des meeting ou d’autres événements et c’est toujours très sympa. J’ai échangé des composants, des idées, des astuces et j’ai aidé d’autres développeurs. C’est une communauté vraiment agréable, il y a un esprit de coopération bien plus que de compétition. Tous ensemble on est en train de faire quelque chose de génial, on invente des outils permettant d’aller plus loin dans la création musicale.
Y a-t-il un module créé par un autre que tu aurais rêvé de faire toi-même ?Non ! J’ai une très longue liste de module à créer. Quand je vois que quelqu’un a réalisé l’un d’entre eux, ça m’enlève des soucis et je le retire de ma liste afin de passer à autre chose. Le truc c’est pas de se dire “j’ai fait ça” ou “il a fait ça” mais de constater que toutes ces idées doivent se concrétiser d’une façon ou d’une autre, sinon personne n’aura l’occasion de s’en servir !
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